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Nous vivons désormais dans un monde où « the truth is not the truth » (Giuliani august 2018).

Nous le constatons chaque jour sur le terrain, le citoyen lambda face à son mur Facebook ne sait plus à qui se fier. Le pire y côtoie le meilleur et c’est un algorithme qui nous y sert la soupe sans que l’on puisse savoir comment, pourquoi et si il y a des épices. Et qui a payé pour les y mettre.

Le changement de paradigme de l’ère de l’information à l’ère de la réputation doit être pris en compte lorsque nous essayons de nous défendre contre les « fausses nouvelles » et d’autres techniques de mésinformation et de désinformation qui prolifèrent dans les sociétés contemporaines

À l’ère de la réputation, nos évaluations critiques ne devraient pas porter sur le contenu de l’information, mais plutôt sur le réseau social des relations qui a façonné ce contenu et lui a donné un certain  "rang" mérité ou non dans notre système de connaissances.

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Chaque fois que nous sommes sur le point d’accepter ou de rejeter de nouvelles informations, nous devrions nous poser la question : D’où vient-elle ? La source a-t-elle une bonne réputation ? Qui sont les autorités qui le croient ? Quelles sont mes raisons de m’en remettre à ces autorités ? De telles questions nous aideront à mieux appréhender la réalité plutôt qu’en essayant de vérifier directement la fiabilité de l’information en cause. ( ref )  C’est l’éducation aux médias de base...

Dans l’écosystème digital il est logique que les groupes de presse et autres médias dits « traditionnels » ne soient plus les seuls à raconter les histoires ; réelles ou imaginaires. La valeur d’une information, d’une donnée, ne réside plus tant dans son contenu que par son contexte, par les filtres par lesquels elle est passée : qui l’a postée ? où ?, qui l’a vérifiée ?, qui la re-publiée ?, y-a-t-il de l’argent autour de la publication ?, quels étaient les groupes ciblés par la publications initiale ?, ….

C’est le genre de facteur qu’utilise Facebook pour trier les contenus qu’il nous adresse…. Plus une info passe de filtres, plus elle doit avoir de la valeur. Plus le contexte dans laquelle elle nait est détaillé, plus elle est valable. (reste à savoir pour quel destinataire)

external-content.duckduckgo.com

 

 

Et il en est ainsi pour bon nombre de choses : la réputation prime. Comment choisissons-nous dorénavant un restaurant, un film, un hôtel, … ? Nous regardons les petites étoiles qui indiquent combien de personnes ont voté et quelle note sur cinq a été attribuée à la chose. Certain systèmes complexes reposent entièrement sur ces évaluations ( Ebay, Ali-baba, et bientôt la Chine entière).

 

Au-delà de la sphère informative ou économique, c’est tout un modèle de consommation et de société qui se mets en place. A travers la quantification massives de nos relations (sociales, économiques, politiques, …) et via des appareils sans cesse plus intelligents (caméra, voitures, frigo, téléphones, banques, etc.) nous mettons doucement en place un système de relations qui sanctuarise le vote personnel ( et plus seulement celui des journalistes, décideurs et autres VIP’s) et promet ainsi une société algorithmique en apparence démocratique. Mais tout cela repose sur des systèmes, des technologies qui n’ont rien de neutres.

Internet / le cloud / l’Intelligence Artificielle / L’Internet des Objets / la robotique / la domotiques / la blockchain / les cryptomonnaies / le peer2peer / le machine learning / …

Autant de technologies émergentes qui promettent de transformer le monde pour le meilleur ou pour le pire.

Ces ‘progrès’ technologiques, les innovations déployées à l’échelle d’une commune, d’une région ou d’un pays devraient faire l’objet de débats publics. C’est rarement le cas.  Les vrais enjeux démocratiques qui se cachent derrière ces technologies sont souvent ignorés ou intentionnellement mis sous le tapis (pensons juste à Internet …)

Le Gsara-Charleroi a donc entamé des animations de réflexion et d’expression autour de ces enjeux hautement politiques. Faisant œuvre de vulgarisateurs techniques, les animateurs débattent de grandes questions posées par les innovations citées plus haut. Ils tentent de pousser les participants à se positionner et à expliquer leur choix. (voir le résultat de notre premier groupe « Rate Me »)

A l’intérieur du groupe, ils mettent en place un module expérimental de notations sur cinq étoiles. On se met à noter une multitudes de choses ( les personnes, les relations avec les personnes, l’animateur, la qualité du repas, l’intérêt de la pause-clope, l’intérêt d’une plateforme web, les commerces de l’entité, …)

A la fin de l’animation, on se retrouve avec un pool de données assez intéressantes. Et un classement des participants, bien entendu. Cela éclaire sur les systèmes politiques, les relations personnelles, les dynamiques collectives, ….   Mais aussi un historique des votes et des comportements électoraux par personne ou pour le groupe entier, on peut noter des choses sur un territoire (des commerces, par exemple), des choses qui concernent Internet,..

Une première version de cette animation s'est déroulée au sein de l'Asbl de formation Avanti à Marchienne avec 8 participants qui se sont prêtés au jeu de la réflexion pendant 3 journées entières. Les conclusions sont visibles sur notre site dédié : Rate-Me.

Nous allons continuer à proposer aux différents publics de la région ce module de réflexion car ces questions sont cruciales et engagent toute la société. Rares sont pourtant les moments où les lieux IRL (in real life) où le citoyen peut s'exprimer sur ces matières et proposer des choses, une vision d'avenir.